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Par la publication de ce dix-neuvième Cahier consacré aux Spectres du Pouvoir populaire, nous livrons aux lecteurs les premiers résultats d’une recherche encore en cours. Les articles de ce dossier sont issus d’un travail collectif qui s’est déroulé durant un an et demi sous la forme d’un séminaire régulier à distance. Peu avant l’éclatement de la pandémie du Covid 19, nous avons interprété les mobilisations ayant cours entre Santiago du Chili et Hong-Kong, Beyrouth et Baghdad, comme le signe d’un nouveau cycle des luttes. L'ancien mot d’ordre, « créer pouvoir populaire », nous a ainsi paru gagner un sens nouveau, comme réponse à la nécessité qui alimente les populismes contemporains sans pouvoir pourtant y trouver une véritable solution.

L’objectif de ce numéro sur les « mondes sans contact » est de problématiser les usages et les fonctions sociales de la proximité et de la distance, des relations à autrui et des ruptures de ces relations dans des contextes sociaux et historiques déterminés. À partir de l’expérience encore contemporaine de la pandémie de Covid-19 (mais sans s’y résumer), qui a rendu particulièrement sensible la question du contact dans nos sociétés, ce numéro de Tracés souhaite réfléchir plus largement notre rapport social au contact à partir de trois grandes interrogations : premièrement, la signification sociale de la mise à distance, ce qu’elle signifie du point de vue des structures profondes de nos sociétés et des rapports de pouvoir ; deuxièmement, les pratiques individuelles ou politiques de la prise de distance, et cela au plus proche de l’expérience qu’en font les individus ; enfin, une interrogation davantage épistémologique qui porte sur les biais heuristiques de ce qui est appréhendé comme relevant du « sans contact », en particulier les conséquences de l’absence de contact direct avec les enquêtés pour les recherches en sciences sociales. This volume dedicated to the “contactless worlds” aims to reflect upon the social uses and functions of proximity and distance, relationships with others and on the breakdown of these relationships in social and historical contexts. Based on the ongoing experience of Covid-19, which has raised the question of contact in our societies, this volume proposes a series of reflections on social contact: first, the social significance of distance, its meaning for deep social structures and power relationships; second, the individual and political practices of distancing from the point of view of experience; finally, an epistemological discussion about the scientific bias of “contactless”, particularly the consequences of contactlessness for respondents in social research studies.

Since the beginning of the XXIth century, established parliamentary practises have been challenged in Great Britain: weakening of the two-party system, constitutional controversies triggered by the debates on Brexit and experimentation of a virtual Parliament due to the Covid-19 crisis. Moreover in a context of 24-hour news channels, Internet and social media, citizens have been expecting greater transparency in politics. This issue of LISA e-journal explores the legislative practises in both Houses of the Westminster Parliament as well as in the Scottish Parliament. The authors examine parliamentary proceedings, debates on specific issues, as well as the evolution of legislative activity and the need for reform. En Grande-Bretagne, les premières décennies du xxie siècle ont vu la remise en question de fonctionnements parlementaires établis : affaiblissement du bipartisme, controverses constitutionnelles liées au Brexit ou expérimentation d’un Parlement virtuel due à la crise sanitaire. Parallèlement, les chaînes d’information en continu, Internet et les réseaux sociaux ont créé une demande de plus grande transparence de la vie politique chez les citoyens. Ce numéro de la Revue LISA entend examiner les pratiques au sein de la Chambre des Communes et de la Chambre des Lords du Parlement de Westminster, ainsi que le Parlement écossais, et s’interroger sur la nécessité d’une modernisation. Les contributions explorent les procédures législatives, notamment à l’épreuve de certains enjeux spécifiques, leur évolution et les propositions de réformes.

Les commémorations célébrées en 2021 en Amérique latine – des 500 ans de la chute de Mexico et des 200 ans de l’indépendance d’une grande partie du sous-continent – se sont déroulées dans un contexte particulier caractérisé par la contestation et la désarticulation de la mémoire commune. Celui-ci, amplifié par la pandémie de Covid 19, n’est pas nouveau – en 1992, la célébration des 500 ans de la « rencontre des deux mondes » était déjà soumise à de fortes critiques, montrant au passage la confusion entretenue entre commémoration et célébration – mais il acquiert depuis une quinzaine d’années certains caractères inédits. Les articles réunis dans ce dossier en abordent plusieurs aspects – les revendications identitaires, ethniques et de genre, l’instrumentalisation du discours historique à des fins politiques – tout en intégrant une réflexion historiographique qui vise à questionner la place de l’historien dans la cité. Le prisme de l’histoire du temps présent, soit le fait d’historiciser le présent, permet de prendre un recul salutaire vis-à-vis de postures idéologiques et/ou de convenances qui visent à produire une mémoire conçue comme un instrument politique.

Ce numéro 92 publie huit articles issus des interventions présentées lors du 44e Congrès de l’Association française d’études canadiennes, organisé par l’Université de Caen Normandie sur le thème « Régions et régionalisme au Canada – construire et gérer l’espace politique, social et culturel ». Initialement prévu en juin 2020 et annulé pour cause de pandémie de Covid-19, il s’est finalement tenu en visioconférence en juin 2021. La thématique « Régions et régionalisme » avait été choisie pour permettre un large éventail d’approches disciplinaires, que reflètent les articles de ce numéro. Elle invitait les spécialistes en études canadiennes à se pencher sur la question du territoire et à s’interroger sur la genèse de ces espaces politiques, qui sont parfois en concurrence, sur la manière de les gouverner, et sur le lien entre les espaces politiques et le sentiment d’appartenance sociale des citoyens.

Ce numéro varia de Moussons composé de sept articles s’ouvre sur une contribution traitant d’un pays au cœur de l’actualité, le Myanmar (Birmanie). Nicolas Salem-Gervais et Ja Seng y abordent l’introduction des langues minoritaires dans les écoles publiques de l’État Kachin et ses conséquences éducatives et socio-politiques. L’article de Frédéric Laugrand et d’Antoine Laugrand nous emmène ensuite aux Philippines, sur l’île de Mindoro, et décrit la relation des Alangan Mangyan avec les oiseaux qu’ils chassent, entre savoirs aviaires et principes cosmologiques. Les mutations musicales, plus particulièrement les usages musicaux du khène, sont au cœur de l’article suivant. Entre tradition, nationalisme, et patrimonialisation, Véronique de Lavenère interroge la diversité des pratiques qui perdurent et traversent les politiques culturelles au Laos. Le Vietnam occupe les quatre autres articles : deux d’entre eux montrent comment la littérature contemporaine féminine vietnamienne révèle les changements sociaux d’émancipation, en matière de sexualité (Trần Thị Sâm) ou de parcours migratoire (Michela Nessi). L’article d’Elena Gordienko porte sur les changements observés dans les cérémonies de culte aux esprits des communes rurales du Vietnam, durant la pandémie de Covid-19 et celui de Brice Fossard et Nguyễn Thị Hải étudie les transformations sociales révélées par l’acculturation sportive des élites vietnamiennes (1888-1930), en partie soutenues, voire suscitées par la presse vietnamienne moderniste.